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Portrait : BAPTISTE PIETRUSZEWSKI

Panajou, maison emblématique depuis 1865, est bien plus qu’un simple magasin de photographie, c’est un lieu d’histoire et de passion, où l’on peut respirer l’amour de l’image. Zoom sur Baptiste Pietruszewski, président de cette belle institution.

| Baptiste, pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?

À 10 ans, ma grand-mère m’a offert mon premier appareil photo argentique, et ma mère avait une passion en vacances pour la photographie. C’est comme cela que je me suis intéressé à la photo, et j’ai très rapidement dit à ma mère que je serai soit photographe soit PDG. C’était les deux rêves de ma vie et j’ai réussi à les marier ! J’adore l’industrie et je suis fasciné par la politique depuis que je suis enfant. Si un jour j’ai l’occasion dans une deuxième carrière de reprendre une usine, je serai le plus heureux des hommes. J’aime les vieilles entreprises qui ont une histoire, j’aime l’humain, et pour ma part, plus il y a de monde et mieux je me sens. La photographie était une évidence pour moi, et très tôt, à la sortie de ma 3e, j’ai intégré une école de photo à Cahors pour effectuer un CAP photo.
Puis, je suis venu à Bordeaux pour faire un brevet de technicien des métiers sur deux ans, c’était une branche qui venait juste d’ouvrir et qui permettait de former des apprentis. Après mes études, j’ai été recruté en tant que photographe par Mathieu Mamontoff qui possédait à l’époque le magasin photo de Saint-Médard-enJalles et l’agence Artiste Associé photographes qui était l’activité prédominante du magasin. Ensuite, Mathieu a eu le projet de Tourny, je l’ai bien évidemment suivi dans cette aventure, et tout en étant responsable du magasin de Saint-Médard et d’Artiste Associé, je suis devenu le directeur de Panajou. Après avoir été durant 4 ans le bras droit de Mathieu, j’ai racheté Panajou et très vite, une occasion s’est dessinée à Paris dans le magasin Photo Ciné du Cirque.

« Certains passionnés viennent donc de très loin pour avoir la possibilité de voir et de tester le matériel qui les font rêver ! »

| Justement, qu’est-ce que Photo Ciné du Cirque ?

Photo Ciné du Cirque, c’est un peu la successstory de Panajou, 70 ans plus jeune. L’histoire a débuté en 1949, avec Henri Gredai, le grand-père, qui vendait du matériel photo aux puces de Saint-Ouen. Plus tard, il a installé une cabane sur un trottoir, boulevard Beaumarchais. Il est à mon sens, responsable de ce qu’est devenu le boulevard Beaumarchais, à savoir le boulevard de la photo à Paris. Il a ensuite acheté 2m² de vitrine derrière lui, et puis, tout s’est enchaîné : le rachat du petit magasin d’à côté qui faisait 40m², celui de droite d’environ 200 m², celui de gauche de 400 m², pour arriver à presque 600 m² sur rue, 40 mètres de trottoir et 3 magasins linéaires sublimes. Ce fut un véritable succès jusqu’en 2018, avec des chiffres énormes, bien plus gros que ceux de Panajou ! Je suis heureux de pouvoir à mon tour faire prospérer cette magnifique maison.

« Il y a donc tout un écosystème global autour
de l’image dans un immeuble entier consacré à
la photographie et ça, c’est unique en France ! »

| À ce jour, quelle est votre vision du commerce ?

Il y a plusieurs branches d’exploration, il y a l’aspect simple, mon préféré, et le commerce qui est un commerce d’institution. Chez Panajou, il y a la musique, le café, la chaleur, le service… Nous n’avons pas révolutionné le commerce, et aujourd’hui, lorsque l’on nous dit : « Mais le service, c’est merveilleux ! » pour nous, c’est juste normal ! Le client est plus que roi, il est prioritaire sur la terre qui tourne. Nous maintenons, par le labo en particulier, un commerce local, de quartier et de proximité. Pour moi, il est important de faire jusqu’aux photos d’identité, c’est la signature du magasin. Nous sommes très
fiers d’offrir ce service de proximité, et d’être à la fois un grand commerce où les gens font 500 km
pour venir depuis le fin fond du Pays Basque ou d’autres zones géographiques plus étendues.
En France, nous ne sommes aujourd’hui plus qu’une vingtaine de grands magasins spécialisés à distribuer les plus beaux produits des grandes marques photo. Certains passionnés viennent
donc de très loin pour avoir la possibilité de voir et de tester le matériel qui les fait rêver !
Nous croyons depuis très longtemps au retour de l’analogue. Lorsque nous sommes arrivés chez Panajou, nous devions avoir une moyenne d’âge qui approchait les 50 voire 60 ans, et nous étions contents d’avoir cette clientèle historique.
Toutefois, la photo était un marché vieillissant, et nous avons donc été les premiers à beaucoup investir sur l’analogue, à faire des commandes de films historiques, 8 000 pellicules au début, et nous avons eu une montée croissante, avec une clientèle de plus en plus jeune. Désormais, nous arrivons à une moyenne d’âge qui ne doit pas dépasser 30 ans, il faut dire qu’il y a quand même un retour à l’image en France qui est assez fort. De nombreuses personnes se remettent à acheter des appareils photo, à essayer de faire de l’image, à vouloir garder des souvenirs, à faire du tirage, du développement… Ce savant mélange, c’est notre vision jusqu’en 2021, et depuis, il y a le projet d’un nouveau magasin.

| Quelques mots sur ce nouveau projet …

Ambitieux car il est à contre-courant de tout ce que l’on connaît aujourd’hui en France, en tout cas de la vente d’appareils photo. Ce nouveau projet se rapprochera plus d’un concept store. Notre volonté est de faire de Panajou une véritable destination. Quand on vend des produits de niche ou des produits haut de gamme, on ne voit pas nos clients de manière régulière, même s’il y a le labo qui contrebalance avec le tirage. Alors proposer des conférences et des master class, des expositions, des espaces de rencontre et de découverte au sein même du magasin, c’est faire en sorte que nos clients reviennent le plus
souvent possible boire un café. Le labo est primordial pour nous, alors nous lui avons dédié un étage complet. Imaginez 100 m² autour de l’analogue, du film, de la photographie argentique, des produits de labo. Un espace moderne composé de machines dernier cri qui vont nous permettre de tout faire dans
nos murs. Nous nous appelons « La Maison de la Photographie », et ce n’est pas pour rien car nous voulons que l’établissement soit un lieu de rencontres et d’expositions, un lieu où l’on trouve des livres photo, des cartes postales de Panajou… Un endroit où on va justement remettre à l’honneur l’histoire de Panajou.
Nous allons être dans un environnement ultra-moderne qui s’inspire d’une recherche au tour des plus beaux magasins du monde, avec des zones chaleureuses, du bois, de la pierre, de très belles vitrines linéaires. La fresque d’origine va être reproduite et exposée sur un mur, l’entrée cathédrale avec le musée Panajou dévoilera les appareils photo vendus dans les années 1900, un buste en bronze des frères et les premiers téléphones de la maison que nous avons récupérés dans des collections privées. D’ailleurs,
pour l’histoire, le numéro de téléphone n’a pas changé depuis plus de 120 ans ! Vous retrouverez également un appartement dédié à une marque prestigieuse qui sera également présentée.
Pour finir, nous aurons le plaisir d’accueillir nos workshops et événements dans un magnifique studio équipé qui occupera un étage complet, et qui pourra également être loué aux photographes pour quelques heures ou quelques jours. Nous souhaitons que Panajou soit un lieu de vie et un point d’expérience, que les gens viennent naturellement comme ils iraient chez eux : dire bonjour, boire un café, voir des produits, des expositions et des conférences, vivre la photographie ou acheter bien évidemment leur matériel photo, car n’oublions pas que nous sommes commerçants. Il y a donc tout un écosystème global autour de l’image dans un immeuble entier consacré à la photographie et ça, c’est unique en France ! L’inauguration est d’ailleurs prévue en juin.

www.panajou.fr

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